vendredi 12 février 2016

Il a fallu mille noms pour "prouver" Einstein

L'actualité de la semaine, que dis-je du siècle, c'est évidemment le remaniement ministériel d'hier la prestation de François suivie à la télé par dix millions de personnes la découverte d'ondes gravitationnelles. Un article, annoncé depuis quelques semaines, puis fortement markété depuis le début de la semaine vient de paraître dans une revue scientifique de référence. L'article en texte intégral est ici en PDF, mais chut, il est en anglais. Un article majeur qui propulse tout droit vers le Nobel de Physique.

Mes commentaires sont les suivants :

- Sur le fond, c'est quoi les ondes gravitationnelles ? Déjà que la plupart des gens ont du mal à imaginer les ondes lumineuses ou électromagnétiques... L'image la plus reprise par les vulgarisateurs est celle des ronds dans l'eau une fois qu'on a jeté un caillou. Les ondes gravitationnelles sont simplement une variante de ce phénomène appliquée à la gravitation elle-même - celle qui fait tomber les pommes sur la tête de Newton. On ne voit pas bien les ondes ici, mais il y a deux raisons à cela : Gotlib n'était pas un scientifique expert, et la pomme n'est pas un trou noir.



Il y a des vidéos explicatives et sérieuses un peu partout. J'aime bien celle du Parisien même si elle est en Flash (pas Gordon).



- Sur cette découverte, il s'agit effectivement d'une première. Cela fait exactement cent ans qu'Einstein avait déduit de sa grande théorie l'existence de ces ondes. Mais il n'était pas possible de les observer, encore moins de les mesurer. Elles sont très faibles et détectables uniquement pour de grands phénomènes, comme le choc de deux trous noirs il y a un milliard d'années (si, si !). Il a fallu pour cela des tas d'avancées et des appareils très complexes et très délicats, comme ceux utilisés par les "collaborations" LIGO au MIT ou le Virgo en Europe. C'était un peu une sorte de Graal, comme le Boson de Higgs en son temps. Et comme toute première, elle ouvre un champ nouveau : observer de grands phénomènes non seulement grâce à la lumière qui en vient (et aux autres ondes électromagnétiques) mais également grâce aux ondes gravitationnelles produites par ces (très) grands phénomènes. Explication lumineuse dans le dessin ci-dessous tiré de l'excellent site XKCD.


- Sur la notion de preuve d'une théorie, en bons disciples de Karl Popper, nous savons qu'une théorie ne peut pas être prouvée, juste réfutée. Quand on a une théorie en main qui a été élaborée et quand on observe un phénomène, soit il est prédit par la théorie soit il est contraire à la théorie (soit il est indépendant de la théorie, comme la couleur du ciel - gris - ce matin). Si un fait est contraire à une théorie, et qu'il est vérifiable et vérifié, alors la théorie doit être ajustée, remplacée par une autre (ou même oubliée). C'est d'ailleurs comme cela que la théorie de la gravitation universelle d'Isaac Newton a dû être remplacée par la relativité d'Einstein, théorie jamais contredite jusqu'à aujourd'hui. Mais si un fait est conforme à la théorie, que doit-on en penser ? Il ne "prouve" pas la théorie. Il la renforce (en attendant d'autres expériences et d'autres annexes à la théorie) et rassure les scientifiques, surtout si les résultats observés sont identiques à ce qui a été annoncé par la théorie, avec une marge d'erreur plus faible que celle observée. Pour les ignares, sachez qu'il y a toujours une marge d'erreur, c'est comme pour les gouvernements. Le tout est de ne pas y être, n'est-ce pas Madame Pellerin ?

- Sur le côté international de la découverte, enfin, remarquons la liste impressionnante de signataires de l'article, plusieurs centaines classés par ordre alphabétique (c'est à la dernière page de l'article). C'est un symbole de la science internationale moderne. On y trouve tous les pays développés, USA, Chine, Inde, Russie, pays européens dont France... Un vrai exemple de ce que la science doit être quand elle est au mieux de sa forme. C'est ça qui est impressionnant, y compris pour un néophyte. On notera quand même que les gens retiennent en général le premier de la liste, ici Monsieur Abbott... Il vaut mieux donc s'appeler Abbott que Zorglub quand on est un scientifique !


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