mardi 16 février 2016

Paris décortiqué, Paris retravaillé, mais Paris libéré de la Préfecture !

Le Conseil de Paris a décidé lundi (avec sa majorité rose-verte teintée d'orange) d'approuver la réforme du statut de Paris proposée par sa maire. C'était une étape nécessaire avant que le débat se déplace d'abord à Matignon puis au Parlement, pour qu'une loi soit votée a priori en 2016 permettant à ce voeu de la Ville de devenir réalité. Autant dire que ce n'est pas encore gagné, surtout quand on connait les subtilités de la droite parisienne, la plus bête du monde de l'univers connu de l'univers entier, et les ambitions de NKM et autres barons/baronnes locaux.

Il n'y a donc pas encore de réforme, mais quatre piliers votés pour servir de base à une négociation avec l'Etat :

- La Ville récupérerait des droits et des pouvoirs comme les autres villes normales de France, notamment auprès de la Préfecture de Police, régalienne depuis Napoléon III et Haussmann : la circulation et ses réglages en cas de pollution, piétonnisation de voies (et de berges), aménagements urbains touchant la voirie, jours et horaires d'ouverture des magasins, rapatriement comme personnels de la Ville des pervenches avec des mandats étendus aux incivilités... Un détricotage du statut particulier de la Ville impériale...

- La fusion de Paris et de Paris (ville ET département). qui était source de complications administratives, de dépenses redondantes et de difficultés pour comprendre qui payait quoi. Une réforme évidemment clé dans l'optique du Grand Paris.

- Le renforcement (?) des rôles des maires d'arrondissement, pour la propreté dans leur zone et les incivilités (vous avez dit pisser contre les murs ?), pour leurs politiques d'appui aux associations aussi. Une réforme pour plaire aux maires - y compris ceux de l'opposition - mais qui est un peu artificielle puisque ce mouvement est entamé depuis des années, graduellement.

- Enfin, le rapprochement "administratif" des quatre premiers arrondissements centraux dans le but d'un rééquilibrage démographique (partiel) et d'économies par synergie. Les arrondissements ne disparaissent pas, ni leurs codes postaux, seulement les mécanismes administratifs en amont. Même les conseillers de Paris ne changent pas (même nombre).


C'est la première réforme d'envergure sur Paris depuis plus d'un siècle, à part l'élection du maire, sous Chirac Premier.  Les détracteurs soupçonnent les socialistes de préparer d'autres formes ultérieurs (électoralistes et magouilleuses forcément puisque prônées par leurs ennemis politiques). Certains au contraire trouvent que cela ne va pas assez loin et qu'on devrait redécouvre tous les arrondissements ou presque pour arriver à à peu près 100 000 habitants par arrondissement. Ce scénario extrémiste a été envisagé, mais il est trop brutal, et il a été écarté. Le Monde s'était amusé à proposer même un outil interactif pour faire son propre découpage de Paris en fonction de la population... A tester ;)

Paris reste un symbole fort de tous les pouvoirs et de tous les affrontements (souvent picrocholins). Ville capitale. Ville royale et impériale et maintenant présidentielle. Ville de la révolution et de la révolte ultime. Ville de toutes les ambitions depuis Etienne Marcel et le passage de Chirac de Paris à l'Elysée...

Notons, par ailleurs, mais j'y reviendrai dans un autre billet, que le coeur de Paris est à reconstruire. Je ne parle pas des Halles et de sa canopée qui est tout sauf aérienne, mais de l'île de la Cité. Car dans quelques années le coeur de cette île sera différent puisque les bâtiments suivants seront vidés : le palais de justice, le tribunal de commerce, la préfecture de police (justement), l'hôtel-Dieu. Tous ces bâtiments seront à ré-affecter à d'autres usages. Et la Ville sera maître du projet. Tout cela a un rapport avec la mission Perrault-Bélaval, dont le JDD a parlé ici récemment.


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