lundi 18 avril 2016

Au Brésil, ça sent le Roussif pour la présidente. Et en France ?

L'actualité brésilienne est centrée sur la nouvelle étape sur la route de la destitution de Dilma Rousseff, pour qui ça commence effectivement à tenir le roussi. Après un vote en commission à l'Assemblée nationale, c'est cette nuit que les députés ont voté l'ouverture du procès pour destitution, avec une majorité plus forte que celle exigée des deux tiers. Jusqu'au dernier moment, le clan de la présidente (resserré autour du parti des travailleurs et de la gauche extrême) a cru pouvoir gagner ce vote.

La démocratie brésilienne exige un protocole précis pour déchoir un président, et il suffit qu'une des étapes soit contraire pour que toute la chaine d'impeachment se casse. Prochaine étape avant le 11 mai pour que le Sénat vote (à la majorité simple) l'ouverture du procès, ce qui entrainera ipso facto le remplacement pendant 6 mois de la présidente par son ennemi de vice-président, en attendant le verdict du procès (le jury étant le Sénat en entier). C'est un vrai parcours de la combattante, dans lequel les positions des uns et des autres ne sont pas angéliques, puisque des plus corrompus que la présidente la poursuivent, notamment parce qu'elle a lutté contre la corruption. Un procès politique.

La présidente est accusée de "crime de responsabilité". Il appartient exclusivement au Sénat, sous la présidence du Président du Tribunal fédéral suprême, d'instruire le procès et de juger le Président et le Vice-président de la République dans les cas de « crimes de responsabilité, c'est-à-dire pour les actes portant atteinte à la Constitution. Elle conteste ces "crimes". Un procès agité s'il a lieu, avec une rue très divisée entre les rouges, partisans de Dilma Rousseff et de Lula et du PT, et les jaunes et verts des autres partis plutôt au centre et à droite.

Résumé un peu partout, ici et ici aussi pour un autre avis.

Ceux qui ont mauvais esprit ne peuvent pas s'empêcher de faire des parallèles avec la France : un président qui a les cotes de popularité les plus faibles possibles, un numéro deux du pouvoir qui tire sue le numéro 1 (délicatement, mais quand même), une opposition de droite conduite par un corrompu accusé de multiples délits, des batailles de pouvoir entre politiciens du même bord, des procès pour corruption et autres malversations, une crise économique venue frapper les classes moyennes malgré un discours électoral de gauche, la rue qui se remplit de manifestants non embrigadés dans les partis classiques tous soupçonnés de trafics divers...

Mais la France n'a pas de procédure de destitution politique. Nous on a le Front National, repoussoir des honnêtes gens et qui sert de tribunal populiste dans la rue et les urnes. Nous sommes une vieille démocratie.

C'est très différent, n'est-ce pas ?



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