mardi 19 avril 2016

Google books : l’hydre renaît

Google est une galaxie de projets dans tous les genres, bien avant même de se renommer Alphabet. Il y a une douzaine d’années a été lancé le projet Google books, alors Google Print (Wikipédia). Aujourd’hui, on en est à 20 millions de livres numérisés dans le monde, dont une grosse majorité aux USA. On parle de temps en temps de livres numériques sur ce blog. Ce coup-ci, ça en vaut le coup.

Ce projet a déclenché la colère des auteurs et des éditeurs depuis son lancement. En savoir plus ici, sur un site pro du monde de l’édition, ce qui vous changera un peu des actualités habituelles sur le sujet, trouvables partout (sur Le Monde par exemple) avec la recopie presque à l’identique de dépêches d’agence grand public, l’AFP en l'occurence. Depuis le jugement d’hier de la Cour suprême des USA, Google a donc le droit de passer à la vitesse supérieure, en tous cas aux USA, et de développer à outrance cette numérisation.

Certains éditeurs et surtout les bibliothèques voient avec plaisir Google pouvoir continuer à numériser des livres qui coûtent trop cher à traiter. Les lecteurs et surtout les chercheurs pourront lire de plus en plus de livres en ligne. Jamais en totalité évidemment, sauf quand ils sont dans le domaine public, mais avec des extraits suffisamment longs.  Les auteurs sont vent debout contre cette atteinte à leurs droits d’auteurs, surtout que Google accompagne chaque livre d’un lien pour l’acheter (sur une de ses boutiques évidemment). Une sorte de bibliothèque-library-librairie qui ne dit pas son nom.

Il s’agit de la légalisation du fair use dans le domaine du livre : « La création par Google d’une copie numérique pour assurer une fonction de recherche est un usage transformatif qui améliore les connaissances du public en rendant les informations sur les livres des plaignants disponibles au public ». C’est aux USA seulement, pour le moment, mais les accords transatlantiques sont en cours de négociation et incluent de type d’usage, même si en France des mesures ont été prises.

Cela me fait penser dans un autre registre à la numérisation des oeuvres d’art dans les musées du monde. A l’époque, c’était Microsoft et sa banque d’images qui démarchaient les grands musées pour numériser « gratuitement leurs oeuvres » tout en obtenant le droit de les diffuser ensuite. Les commerciaux de Microsoft n’étaient pas très habiles et les conservateurs (du Louvre notamment) avaient réussi à ne pas tomber dans leurs filets. Il faut dire que quand un commercial vient vous proposer de numériser la Joconde et vous dit « combien de pixels pèse La Joconde », ça refroidirait n’importe quel conservateur ou amateur d’art.

Si vous essayez d’aller sur Google Books, ne manquez pas de lire l’aide, c’est très instructif. Google se fait passer pour un bienfaiteur de l’Humanité, dans un jargon réjouissant par sa naïveté de façade. Un exemple de livre ? Celui-ci pour les blogueurs encore dans les librairies... ou ce torchon là... La possibilité de chercher dans tous ces livres des extraits est un plus, et c’est là-dessus que Google a bâti son projet. Accessoirement, cela lui permet de vendre les livres et de vendre de la publicité ciblée à ceux qui consultent ces ouvrages.

Alors quoi en penser ? Qui compte le plus ? L’auteur, l’éditeur, le lecteur, le chercheur, le vendeur de livres, le publicitaire, le bibliothécaire ? Le fair use est un concept intéressant. Nécessaire même. Sauf que Google vient de le pousser un cran plus loin. un cran trop loin ?


Attendons-nous donc à une explosion des numérisations de livres et de publicités ciblées.




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