mercredi 4 mai 2016

Que les chiffres soient avec vous !

4 mai, May the fourth be with you...

Comme chaque année, le jour spécial Star Wars nous revient grâce à un jeu de mots en anglais digne de ce blog. Opération évidemment commerciale... sauf que depuis la sortie du dernier Star Wars 7ème du nom, on attend presque tous le 8ème. Je comprends mieux pourquoi il y avait un si gros stand Star Wars lorsque je suis allé dans un hyper la semaine dernière. Ce stand voisinait avec un machin spécial Euro2016 et vive les Bleus... Tout est bon pour le chiffre d'affaires.

Nous avons appris ce matin que l'élection présidentielle se terminerait le 7 mai 2017 (le second tour, le premier étant deux semaines avant, le jour de la Saint-Georges). Si je pars du principe que le quinquennat se finit symboliquement ce jour-là, je signerai donc ce jour mon 1830ème billet (comme la révolution à l'époque des Misérables, celle de 1848 étant réservée à Zola). Je n'ai pas encore décidé si cela sera le dernier billet de ce blog dans sa version actuelle (un billet généraliste par jour), mais ça sonne bien. Notez bien qu'en 2017 le premier et le 8 mai tomberont un lundi. Donc on votera en plein week-end de trois jours, c'est tant mieux pour le pêcheurs à la ligne abstentionnistes. Je pronostique donc un chiffre record d'abstention le 7 mai 2017 sans risque de me tromper.

Le chiffre à la mode aujourd'hui est 15 millions, le salaire que reçoit le patron de Renault-Nissan. En soi il choque par sa taille, mais surtout parce que le Conseil d'administration l'a approuvé malgré l'avis contraire de son assemblée générale, ses mandataires. Comme si un petit nombre d'élus se contrebutait de ce que pensent leurs électeurs. Ca ne vous rappelle rien ? Ce qui compte dans ce cas est le côté arbitraire du chiffre, en plus de son montant. Paradoxe des temps modernes, cela permet par exemple à Macron et à NKM de partager la même critique de ce type de décision régalienne. Le chiffre-roi ?  Le chiffre des rois ? Les rois des chiffres opaques ?

5000 est-il divisible par 49-3 ? Cinq mille amendements ont été déposés dans le cadre du débat à l'Assemblée nationale sur la loi Travail, et le gouvernement se rapproche de plus en plus de l'usage du 49-3 (détails techniques ici) car il lui manque une quarantaine de votes "pour" au dernier pointage. La démocratie n'est pas qu'une histoire de chiffres mais elle est pourtant basée sur des chiffres dans toutes ses décisions de vote. La démocratie suppose une qualité dans les chiffres, qui doivent être conformes à la réalité, loin des urnes bourrées, des listes électorales trafiquées à coup de résurrections de morts votant bien, des feuilles d'émargement raturées, et des coûts financiers de campagne en explosion. A ce titre les changements prévus pour la prochaine élection présidentielle ont inquiété les petits candidats, car le principe d'équité permettra de leur donner moins la parole, et les gros candidats, car le contrôle des dépenses sera plus intensif, après les égarements de 2007 et 2012 dans le camp Sarkozy entre autres.

A propos de cette qualité, ou plutôt du contrôle (permanent) de cette qualité, c'est bien Areva qui semble s'être fait coincer cette semaine. Si les chiffres ont bien été truqués par Areva et ses sous-traitants, il s'agit d'un scandale qui peut coûter cher à cet acteur majeur de l'énergie nucléaire en France et dans le monde. S'il suffisait de corriger les chiffres qui sont (un peu) trop hauts pour les remplacer par la moyenne contractuelle pour fabriquer et vendre des pièces, tout le monde le ferait. En maquillant des chiffres, si c'est le cas, pour montrer un processus irréprochable, les fabricants incriminés ont montré là une irresponsabilité totale, même s'ils arguent que cela était une pratique courante dans la sidérurgie. Il s'agit de pièces sensibles, surtout pour des centrales nucléaires censées durer longtemps pour lesquelles le savoir-faire "français" est vanté, par rapport à des concurrents de moindre qualité, chinois ou indiens... Très mauvais pour l'image de marque. Très mauvais aussi pour la notion même de qualité, puisqu'on a découvert à cette occasion que le "service qualité" dépendait de la direction de la construction, à la fois donc juge et partie... avant de redevenir indépendant très récemment.

C'est aujourd'hui, par ailleurs, que la Banque centrale européenne annoncera si elle supprime le billet de 500 euros, malgré la pression des allemands (j'en ai parlé ici). 500, cinq cents euros, presque 3300 francs de l'époque révolue où la Banque de France régnait sur la France, à peu près 100 grammes d'or... Je sais que cela va changer votre vie, mais rassurez-vous, il ne s'agit que d'arrêter la fabrication de ces billets. Les anciens continueront à être valables et à pouvoir être utilisés dans les nombreuses arnaques qui ont besoin de peu de volume.

Aux USA, 2 est devenu 1 cette nuit, chez les républicains, puisque Trump (horreur ! horreur !) est seul en course maintenant pour la primaire. Un sondage a d'ailleurs dévoilé pour la première fois qu'il pourrait gagner contre Clinton dans la vraie élection... Les chiffres peuvent être effrayants de temps en temps.

Je profite de l'occasion pour faire une différence entre nombres et chiffres. Lisez cette référence scolaire pour bien comprendre. Un chiffre est un symbole (il y en a dix de 0 à 9) alors qu'un nombre est composé de chiffres et mesure quelque chose (une quantité ou un ordre suivant qu'il est cardinal ou ordinal). Un peu comme la différence entre une lettre et un mot, sachant qu'il peut y avoir des mots d'une lettre et des nombres à un chiffre. Cela peut paraître idiot, mais quand on y regarde de plus près cela ne l'est pas. Un tableau sérieux mentionne toujours des nombres, mais les médias parlent toujours de chiffres : chiffres du chômage par exemple, comme si chaque chiffre avait son importance, dans une sorte de dissection de la pensée qui ne s'occupe que du détail (le chiffre) au lieu d'avoir une vision d'ensemble (le nombre). C'est une confusion classique, on parle par exemple de "faits et chiffres" dans les publications grand public, comme si la notion de nombre était réservé aux producteurs de savoir et celle de chiffre à ss consommateurs, plus nombreux et moins éduqués.

Les chiffres écrits sont une chose. Leur véracité en est une autre. Sinon on peut écrire n'importe quoi, comme 1+1=3 et donc en déduire tout ce qu'on veut.



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