mardi 3 avril 2018

Premier Trois Avril

Monsieur le proviseur,

Je soussigné, (illisible), fils de Georges Lauteur, voudrais par la présente excuser mon père. En effet, il n’y a pas eu cette année de poisson d’avril sur ce blog. 

Je sais que c’est impardonnable, mais je voudrais cependant faire appel à votre grande mansuétude. 

Mon père a voulu exprimer plusieurs excuses et je vous laisse juge de leur importance, pour ma part, en bon fils, je me suis fait ma propre opinion :

- d’abord, cette année, le premier avril est tombé un dimanche. C’était tout à fait inattendu et imprévisible, même pour un bon statisticien comme mon père, lui qui prévoit pourtant toujours avec exactitude les noms des jours de la semaine. Il était naturellement impensable de poster un message un dimanche, puisque c’est jour de pêche dans la Seine, tant que c’est encore autorisé. Et comme vous le savez, la Seine fait beaucoup de méandres jusqu’à la Manche et malgré l’huile de coude mon père était trop fatigué pour écrire, sans oublier le fait que c’est interdit par le code du travail le dimanche. 

- ensuite, c’était le dimanche de Pâques et même, ô surprise, le lundi de Pâques le lendemain. Mon père a dû peindre tous ces œufs la veille et n’a pas eu le temps de préparer son poisson d’avril. Le lundi il a fallu aussi nettoyer tous les enfants, leurs vêtements et les canapés tachés avec la peinture de mauvaise qualité qui avait déteint. Vous comprenez bien que dans ces circonstances, il était humainement impossible de créer un tel poisson d’avril même pour un homme qui aime si poissonnément les poissons. 

- de plus, du fin fond de la Normandie, habituellement desservie par des trains en retard, il a fallu essayer d’organiser un rapatriement avec des trains absents et néanmoins bondés. Pas facile et assez prenant, alors même que la marée n’attend pas. Les poissons n’ont pas été livrés et ont dû être consommés sur place. Désolé pour vous, ils étaient très bons malgré le froid, mais nous étions couverts car comme dit notre grand-mère, en avril ne te découvre pas d’un fil de pêche. 

- enfin quelques problèmes techniques ont empêché mon père d’envoyer son poisson d’avril. D’abord son traitement de textes Office 364 a décidé de ne pas fonctionner justement ce jour-ci, puis le correcteur ortografique a parsemé le texte de fautes qu’il a fallu corriger une à une, en espérant toutes les avoir repérées, et le nouveau système de partage SharePoissont n’a pas pu s’enclencher malgré plusieurs tentatives d’hameçonnage. Enfin, l’Internet a décidé de router le message sur la base de la RFC 1149 (https://rfc1149.net/rfc1149.html) ce qui a légèrement augmenté le temps de transmission. 

Finalement, mon père m’a autorisé à vous dévoiler quand même le poisson d’avril auquel il avait pensé, mais qu’il n’a pu envoyer. Je vous le livre, il est un peu réchauffé mais garanti sans arêtes : en hommage aux 50 ans des événements de 1968, il n’y a pas de poisson d’avril cette année, ni sous les pavés, ni sur la plage, ni sur les rails entre les deux (puisqu’il n’y a pas non plus de train).

En vous remersciant, Monsieur le proviseur. 

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