jeudi 19 mars 2020

Du temps de cerveau... viral

On va parler virus au pluriel, avec un s à virus donc.

Je profite si l'on peut dire de l'annonce du décès de Patrick le Lay, ancien patron emblématique de TF1 et auteur de la célèbre phrase sur la définition de sa télé : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible »  Condoléances à sa famille et à ses amis ainsi qu'à toute une génération qui l'a connu dans la télé ou à travers le poste.

C'est à cause de cette formule très polémique que j'ai intitulé mes billets du dimanche et d'autres "Du temps de cerveau pour...". Merci à lui donc. 251 billets quand même sur la science, le bizarre et des nouvelles écrites par votre serviteur... Le premier ? C'était celui-ci dans la première semaine de vie de ce blog, nostalgie.

En ce temps de virus, dangereux pour nos vies et notre santé, on ne peut s'empêcher de parler des autres virus. J'éviterai les classiques virus informatiques que nous connaissons tous, en théorie, pour parler des autres sortes :

- le virus COVID-19, ou plus simplement Coronavirus, puisque c'est le plus important aujourd'hui dans cette famille, engendre lui-même son propre virus médiatique. Quel que soit le média que vous consultez, vous pouvez être certain que le virus sera mentionné quelque part, et plutôt en haut de page qu'à la rubrique chiens écrasés. Il devient difficile de l'éviter, ce virus de virus, ce qui a plusieurs conséquences : bonnes car cela fait comprendre à tous que la situation est grave et que les mesures de sûreté sont à suivre, même à ceux qui sont soit trop incivils, soit trop égoïstes pour changer leur vie ; mauvaises car cela gave très vite, développe l'anxiété et empêche les autres sujets. Les télés en particulier sont les premières à être vues, le temps passé devant nos postes grimpant en flèche depuis le début du confinement. Plusieurs opérateurs annoncent même des mises en clair de leurs programmes (pour gagner du temps de cerveau évidement et de futurs abonnés), comme Canal+, OCS ou même les chaines XXX du groupe Marc Dorcel. Les animateurs sont moins nombreux et les chroniqueurs chroniquent de chez eux, au calme, pendant que les éboueurs, eux, travaillent dans la rue.

- le virus de la folie consumériste touche par vagues de nombreuses villes. Folie des premiers jours puis régulation par le vide des étagères et par le trop-plein des frigos et autres garde-manger. Personne n'a été capable d'expliquer pourquoi le PQ a fait l'objet de tant de paniques, la plupart des gens confondant le verbe chier et le pronominal se faire chier, sans oublier faire chier (les autres). Ce virus est un signe fort d'une société tellement imbriquée qu'il est difficile de bouger (l'une) sans faire remuer (l'autre, comme disait Chirac). Les services en ligne se déchaînent, les services de livraison croulent sous les demandes. Même les intellos (comme Bernard Pivot, le twitter exact) qui recommandaient de lire ont oublié au début qu'Amazon était la plus grande librairie en ligne, et en même temps leur pire ennemi (avec quand même100 000 postes à pourvoir dans le monde pour assurer les livraisons). Une librairie fermée, c'est embêtant, surtout pour ceux qui n'ont pas de livre chez eux (il y en a). Heureusement les vendeurs de presse sont ouverts et on peut toujours acheter son Gala et son Sudoku, puisqu'on ne les trouve plus chez les médecins.

- les manifestations en on pris un coup. Elles se sont déplacées sur les réseaux sociaux. Ça a du bon comme ces applaudissements chaque soir à 20h ou 19h pour les soignants, chacun sur son balcon, dans la foulée des italiens qui chantent et des espagnols qui applaudissent. Encore une preuve que les français ne savent pas chanter (juste). Dans mon coin, il n'y a encore personne qui le fait mais ça devrait venir. Les fameux memes sont un peu désordonnés pour le moment. Pas encore de tendance lourde sur le sujet, sauf des jeux de mots foireux ou des images débiles. Il est loin le temps des petits chats belges en réponse aux attentats. Voici un domaine où on attend le virus avec impatience, le virus virtuel qui va nous aider à combattre le virus sanitaire réel.

- enfin, juste quelques mots sur le virus phare de notre époque, l'infox, les fake news. On en voit de plus en plus, et plus sophistiquées chaque jour, même si les apprentis sorciers se font prendre de temps en temps : comme Trump et Fox News qui disent les yeux dans les yeux le contraire de ce qu'ils disaient il y a quelques jours ; comme Boris l'ultra-libéral qui prônait l'élimination darwinienne des vieux en laissant l'épidémie s'installer et qui a dû changer son fusil à plomb d'épaule, suite à la publication d'une prévision sérieuse faite au Royaume-Uni par des universitaires du nombre de morts prévisible si la stratégie suicide ne changeait pas (plus de 500 000 morts au Royaume-Uni et plus de 2 millions aux USA...). Les fake news elles-mêmes ont plusieurs facettes, du mauvais plaisantin au saboteur patenté, du fou à l'illuminé, de l'irresponsable au manipulateur, de la propagande d'état à la déclaration de guerre virtuelle.

Finalement, ce temps de cerveau disponible que nous avons, pourquoi ne pas l'utiliser à d'autres choses, créatives, ensemble, en groupe, en famille ou pour aider les autres ? Hein ? Pourquoi pas ?
Ça ne mange pas de pain, donc pas besoin d'aller en acheter (chez le boulanger ouvert maintenant 7 jours sur 7).

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