mercredi 11 mars 2020

Russie éternelle et Francophonie vacillante

Petite nouvelle dans la grande Russie : Poutine pourrait être tsar président jusqu'en 2036.
Je ne fais que lire les articles parus dans la presse qui parlent donc de cette réforme de la constitution russe, comme ici, ou here. Un processus en cours évidemment, avec vote du Parlement (fait, à la surprise générale), avis de la cour constitutionnelle (à venir très vite), référendum populaire (en avril), fin du mandat actuel en 2024, remise à zéro des compteurs pour deux mandats de 6 ans chacun supplémentaires, voire plus, même si alors Poutine aura plus de 80 ans. Tout cela malgré des déclarations nombreuses dans le passé de Poutine lui-même contre un pouvoir personnalisé et prolongé ad nauseam (ça fait quand même déjà 20 ans).

J'en profite pour saluer au passage mes quelques lecteurs russes humains, les robots et autres leechers et spiders automatisés origines de Russie et que je vois ici dans mes statistiques Google.

On accuse souvent les "dictatures" africaines de modifier à leur guise leur constitution pour permettre un n-ième mandat d'un président et de sa clique familiale. Seuls certains pays plus vertueux échappent à cette situation. Saluons d'ailleurs ici l'attitude du président ivoirien qui a annoncé qu'il ne se représentait pas, conformément à la constitution du pays. Un fait étrange : on félicite un président pour respecter la constitution, alors que cela devrait être un simple geste normal, moral, éthique, légal, légitime et tutti quanti.

La Francophonie, dont la partie "politique et diplomatique" célèbre en cette fin d'hiver ses 50 ans, n'a pas de leçons à donner dans ce domaine. Pas même à Poutine. La quantité invraisemblable de comportements du même genre, de putsch et de coup d'états militaires ou "légaux" est en effet remarquable, dans ce qu'on appelle encore l'Afrique francophone. Saluons les quelques îlots de démocratie et d'intégrité qui s'y développent, pas seulement autour de critères occidentaux, mais en les adaptant au contexte d'une Afrique fonctionnant historiquement avec d'autres règles, ni pires ni meilleures que celles de l'Europe (dont fait partie la Russie de Poutine, rappelons-le). D'ailleurs Poutine a-t-il un fils pour prendre la suite (adoptif, spirituel ou autre ?)

Les célébrations officielles de ce jubilé de la Francophonie, avec un grand F comme si la capitale prenait le pas sur le reste du monde, devaient avoir lieu le 20 mars à Niamey, puisque c'est là que fut fondée cette alliance de pays (21) autour d'un socle de "valeurs" et de coopérations culturelles. Aujourd'hui ces pays sont 88, dont le Qatar et l'Irlande par exemple, bien connus pour leur respect des droits humains et leurs activités fiscales paradisiaques (je vous laisse deviner lequel est lequel) et ce ne sont pas les pires.

Las, ces célébrations sont annulées à cause du Covid-19 venu de Chine. Un symbole doublement intéressant : venu de Chine pour remplacer symboliquement la Françafrique par la Chinafrique ; venu tel le battement des ailes d'un papillon asiatique pour déclencher des ouragans dans le monde, dans un peu tous les domaines, y compris financiers. En France, rien n'est vraiment prévu pour célébrer cet anniversaire, puisque la Francophonie, naguère portée par Macron, est évidemment moins importante que le reste.

La dimension temporelle est un facteur clé pour analyser les mouvements de ce monde et on voit partout des exemples de cette vérité méconnue :

- les durées des cycles électoraux, des durées de vie des élus s'opposent à l'accélération médiatique et des réseaux sociaux qui vivent dans l'instant sans souci d'une mémoire au-delà d'une quatorzaine
- quatorzaine au mieux (ce nouveau mot qu'on entend partout à cause du virus actuel, puisque la quinzaine utilisée auparavant avec le même sens semblait moins précise, vive les mathématiques, deux fois sept égal quatorze et non quinze, et encore moins quarante, forty-fourteen en anglais, gaffe à votre prononciation). Mon correcteur orthographique, d'ailleurs ne connait pas ce mot.
- la crise de la cinquantaine, pour la Francophonie politique, évidente pour tout observateur avisé et qui suppose un traitement rationnel, si c'est encore possible. Le Viagra ne suffira pas.
- l'âge de nos dirigeants avec des écarts abyssaux entre eux et la population des jeunes. Pourquoi pas des jeunes au pouvoir ? Lisez-donc cette nouvelle (Nous) si vous aimez les dystopies...
- la différence entre le temps long et le temps court, comme cet exemple du prix du pétrole et de la crise actuelle avec la Russie justement.
- les questions de durée de la crise sanitaire du coronavirus actuel et de l'étalement nécessaire dans le temps des hospitalisations afin de ne pas faire craquer notre système de santé : étaler pour ne pas saturer et pour éviter que les autres malad(i)es en souffrent, si je peux m'exprimer ainsi. La même quantité de malades arrivant sur une plus grande période, c'est un problème de robinets, de débit (de l'eau, du lait et des malades) : pour éviter les crues, il faut réguler en amont sinon ça devient catastrophique et tout le monde crie à l'impréparation, comme Marine le Pen a déjà commencé à le faire, comme d'hab. Où est Mélenchon d'ailleurs ? (la réponse est : à Marseille).
- enfin, le temps n'est pas le même pour tous. Il est élastique selon nos âges mais aussi nos cultures, même en France où il est plus long dans le Sud que dans le Nord. Ne pas tenir compte de cet effet c'est courir au-devant de grands dangers. Carpe diem ! Comme ça, au moins, on s'occupe du présent !


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