mercredi 26 mai 2021

La France moyenâgeuse ?

 Officiellement, selon la parole de Macron, la France est revenue à l'époque moyenâgeuse, au moins sur certains aspects.

Pour citer Ouest-France qui cite Zadig qui cite Macron : 

Pour lui, la pandémie de Covid-19 « est la métaphore de notre époque. On revit des temps au fond très moyenâgeux : les grandes jacqueries, les grandes épidémies, les grandes peurs… »

« Je relierais la période que nous vivons à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance. C’est l’époque de phénomènes qui forgent un peuple, je dirais même de la réinvention d’une civilisation. »

Et Emmanuel Macron de détailler : « C’est aussi un moment de tensions qui travaillent le pays, entre un État central et des féodalités. C’est enfin un temps où la question européenne se pose, sans oublier le rapport entre les religions. La capacité à embrasser le futur, à se projeter, est alors déterminante pour le rebond que prend le pays. C’est ce qui me rend très confiant. »

C'est intéressant, non ?

Exit les siècles qui suivent (avec la Renaissance, les rois surpuissants, les Lumières, la Révolution, Les Républiques, entre autres). Exit ce qui a suivi, donc, et qui a également forgé le peuple français, de l'esclavage à l'immigration, de la création d'un territoire national à la ré-émergence des particularités locales, des patois locaux à la langue française puis aux langues de France, de l'absence totale d'information à la toute-puissance des réseau sociaux et des moguls de l'information, de l'éducation des seules élites à une éducation massive mais peu équitable...

Macron est clairement en campagne et sous influence : il a choisi la communication par la culture et les mots, comme s'il était marié à une professeure de français. À croire que dans ses discours et ses interviews, il est obligé d'intercaler des mots qui lui sont imposés à l'avance. Mais ne boudons pas notre plaisir, car là où il y a de la géhenne il n'y en a pas, du plaisir.

Quelle torture que cette campagne où seule une moitié de la France se prépare à voter dans exactement un an pour un ou une présidente. La moitié de droite, je veux dire, ou au pire celle qui déborde sur le centre mou de la vie parisienne. On est parti dedans pour une année entière, après les régionales et départementales du mois prochain et l'été 21 (qui sera moitié moins épanoui que l'été 42 naturellement).

Le Bas (Tardif) Moyen-Âge a effectivement connu plein d'épidémies - comme le bas (précoce) clergé breton d'ailleurs - et même un petit âge glaciaire auquel nous n'avons pas encore eu droit, mais cela ne saurait tarder selon les prédictions du Sage Nostradamacronus qui n'hésite pas à taxer de jacqueries les révoltes actuelles contre... contre quoi exactement ? le pouvoir ? les pouvoirs ? 

Il est drôle de constater que cette critique de l'esprit frondeur (mais c'est plus tard dans l'Histoire) du peuple français ressort chaque fois qu'elle arrange l'orateur, puis replonge dans les abysses de l'information lorsqu'il y a vrai danger de manifestations légitimes.

Alors oui, peut-être sommes-nous en effet dans une faille comme celle de l'Anomalie de Hervé Le Tellier que je vous conseille et dans ses bizarres interprétations, ou dans cette fabuleuse nouvelle de Fredric Brown, parue bien avant, "Un mot de la Direction" titre mal ou bien traduit de l'original "A word from our sponsor". Comme si déjà à l'époque le management, le marketing et le politique se confondaient. En général mais aussi dans certains individus. Comme Macron.


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