jeudi 6 mars 2014

6 mars, un moment suspendu, entre deux eaux

Journée bizarre aujourd'hui. Journée entre deux, où l'Histoire est suspendue entre plusieurs choix. Une de ces journées banales qui marquent de carrefours où plusieurs routes peuvent être choisies. Une journée dont personne ne parlera jamais, mais qui contient plusieurs avenirs potentiels dans plusieurs domaines :

- Le pacte de responsabilité, carte majeure pour François, a fait hier l'objet d'un premier accord historique. Après les rodomontades entre patronat et syndicats, un accord a été signé par le nombre minimal de syndicats exigés par la loi, le patronat et trois syndicats. C'est la CFDT qui a fait pencher la balance. Rien n'est encore décidé évidemment, mais le processus peut continuer et le gouvernement va soumettre un projet au Parlement, puisqu'il y a accord (même de façade) entre les "partenaires sociaux". Ca tombe bien pour la France, au moment où la commission européenne s'énerve sur notre capacité à retrouver de la croissance. L'Histoire dira si c'est un feu de paille ou si c'est un tournant. Je pencherais personnellement pour le tournant. Je sais, je suis un indécrottable optimiste.

- Les télécoms sont en plein boum. SFR, l'un des 4 opérateurs mobiles, est en vente et deux candidats se sont déclarés avant la date limite hier soir. C'est une affaire privée entre acteurs privés, mais le gouvernement veut s'en mêler pour des questions liées d'une part à l'emploi (c'est l'un des secteurs qui marchent en France) et d'autre part à la régulation et à la diversité de l'offre (combien d'opérateurs et quels contrôles par la France ?). La bataille est entre Numéricable (anglais, comme son nom ne l'indique pas) et Bouygues (français pur jus de béton). Il y va d'une vision d'avenir dans ce secteur. Si Bouygues, non favori, ne gagne pas, c'est un jour sa branche télécoms qui sera à vendre elle aussi. Si Bouygues gagne, on sait que Free y gagnera aussi un réseau d'antennes tout cuit dans la bouche. Orange est clairement contre la solution Bouygues. Numericable voit là sa seule possibilité pour se développer dans le mobile. Sur ce coup, je parie que c'est Free qui s'en sortira le mieux et Orange le moins bien.

- La clôture des listes pour les municipales est pour ce soir. Après des mois d'annonces pour des tas de listes dissidentes un peu partout, on saura demain combien de listes sont réellement acceptées. Les modalités de dépôt sont plus complexes qu'auparavant, cette année, puisque chaque personne mentionnée sur une liste doit venir déposer un dossier. Finies les listes où on se découvrait mentionné après publication ? On peut penser qu'il y aura moins de listes que clamées ces derniers temps, certaines n'arrivant pas à boucler leur dossier avant la date limite. C'est important, car dans beaucoup de communes, l'existence ou la non existence d'une liste dissidente peut faire basculer la majorité. Le rush du dernier jour (à ne pas confondre avec le rush du premier jour pour les soldes) est donc pour aujourd'hui, avant 18 heures...

- Un peu plus loin, au Québec, Pauline vient de lancer les élections anticipées (7 avril), en espérant évidemment que son parti, le PQ, les gagnera avec une vraie majorité absolue. Pour le moment la majorité relative est un casse-tête, comme c'est toujours le cas dans tous les pays. Ne pas confondre élections anticipées et vote pour l'indépendants du Québec, cette baleine récurrente de la politique canado-québécoise... Mais quand même. On sent un air nouveau souffler dans la belle province, au-delà des manœuvres politiciennes standards. C'est en tous cas un signe qu'il se passe des choses. On n'en est pas à un tournant historique. Juste à la préparation d'un virage, par anticipation, en se déportant légèrement dans le sens contraire du virage.

- Un peu moins loin et de l'autre côté, en Ukraine, journée sans. Après les annonces diplomatiques et économiques d'hier, tout le monde regarde les pions du jeu de go posés sur la table. Pour mémoire les jeux paralympiques de Sotchi commencent bientôt (cérémonie d'ouverture vendredi 17h) et sont retransmis sur France 4 en totalité. Il y a aussi un G8 de prévu au printemps à Sotchi. Plusieurs dirigeants occidentaux ont annoncé qu'ils n'iraient pas si les russes ne changeaient pas de position. Hier à Paris, intenses tractations de couloirs puisque le hasard faisait que plusieurs dirigeants étaient présents pour un autre Sommet (sur le Liban). Aucune rencontre entre russes et ukrainiens cependant. Aujourd'hui, réunion extraordinaire du Conseil européens et réunion du Conseil de sécurité. Une journée diplomatique banale.

Rien à voir aujourd'hui, donc.

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