mercredi 5 mars 2014

Jours tranquilles à l'Elysée

Le microcosme de la politique parisienne de droite (version UMP) est en plein drame planétaire.

Les enregistrements pirates réalisés par un conseiller occulte de Sarkozy pendant son mandat commencent à être dévoilés, par le Canard enchaîné mais aussi par Atlantico, ici, qui a même trouvé un nom à l'affaire : Sarkoleaks ;)

Ls grands de ce monde (même quand ils ne sont pas vraiment des grands) disent en privé des tas de choses bien différentes de ce qu'ils disent en public. Lorsqu'un proche conseiller, depuis accusé de délits divers liés à sa fonction, se met à enregistrer ces propos, on mesure le degré de confiance (et de méfiance) dans ces milieux. On mesure aussi le laxisme des services de sécurité à l'heure des technologies dites nouvelles et qui sont présentes sur n'importe quel petit objet qu'on a dans sa poche.

Le contenu de ces propos ne nous intéresse pas ici. Il y a d'ailleurs la Justice qui s'occupe de ces affaires. Mais sur les pratiques de la politique et des médias, c'est une affaire intéressante.

Je vous ai déjà parlé ici du petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens. Je voudrais vous parler aujourd'hui d'un autre livre, de 2008, tout aussi intéressant et peut-être plus facile à lire. Il s'appuie aussi sur des expériences scientifiques menées un peu partout par des psychologues, sociologues, neurobiologistes et autres -logues. Il s'agit de celui-ci


En le cherchant bien, on peut encore le trouver, malgré son âge.

Parmi les sujets abordés, je vous livre quelques exemples :

Pourquoi croit-on les informations reprises en boucle dans les journaux télévisés ?
------- Rapidité de l’information et crédulité

Pourquoi trouvez-vous le journaliste mieux informé que l’homme politique à qui il pose des questions ?
------- L’erreur fondamentale d’attribution

Pourquoi un président omniprésent à la télévision,à la radio et dans les journaux bénéficie-t-il d’une bonne popularité ?
------- L’effet de simple exposition

Pourquoi ne supportez-vous pas le discours de certains candidats politiques ?
------- Discours et biais d’endogroupe

Pourquoi trouvez-vous certains articles de presse « tendancieux » ?
------- Les réactions automatiques aux idéologies

Pourquoi les hommes politiques passent-ils leur temps à critiquer leur adversaire ?
------- Mémorisation des arguments négatifs

Pourquoi, à force de lire la presse à scandale, finissez-vous par trouver les politiques « tous pourris » ?
------- L’effet d’assimilation

Pourquoi préférez-vous regarder le journal télévisé de la première chaîne ?
------- Couleurs et perception du temps

Pourquoi les gens parlent-ils si vite sur les chaînes ou les radios d’informations ? 
------- Vitesse de parole et adhésion au discours

;) Et il y en plein d'autres, sur la publicité, le temps de cerveau disponible et tout ça...

Bref je vous encourage à lire cet ouvrage. Pour vous séduire un extrait sur la partie
"Pourquoi les hommes politiques passent-ils leur temps à critiquer leur adversaire ?" :

Mais si les hommes politiques consacrent autant de temps à critiquer leurs adversaires, c’est qu’il y a bien une raison. En effet, des études de psychologie ont constaté que nous mémorisons mieux les arguments négatifs que les arguments positifs, et que nous nous attachons davantage à une personne qui utilise des arguments négatifs que positifs.

Deux psychologues, George Bizer et Richard Petty, ont réuni des volontaires pour une expérience et les ont répartis en deux groupes. Ceux du premier groupe ont visionné un message de campagne électorale incitant à voter pour un candidat fictif nommé Smith, en louant ses qualités humaines et les vertus de son programme. Ceux du second groupe ont visionné un mes- sage du même type qui présentait certes les grandes lignes du programme de Smith, mais qui s’attachait surtout à critiquer celui de son adversaire, un dénommé Bredesen.
À l’issue de cette première phase, la plupart des participants des deux groupes avaient l’intention de voter Smith. Mais les psychologues ont voulu savoir à quel point leurs intentions de vote résistaient à d’éventuelles tentatives de déstabilisation. Pour cela, ils ont montré à l’ensemble des participants un message critiquant la politique de Smith. Ils ont alors constaté que les participants du premier groupe, qui avaient été ini- tialement gagnés à la cause de Smith par des arguments « pro-Smith », changeaient d’avis et rejoignaient le candidat Bredesen, alors que les participants du second groupe, qui avaient été gagnés à la cause de Smith par des arguments « anti-Bredesen » restaient favorables au candidat Smith.

Ainsi, lorsqu’on s’attache à un candidat politique qui ne fait que critiquer ses adversaires, on a toutes les chances de lui rester fidèle même lorsqu’il essuie à son tour des critiques. Au contraire, si l’on s’attache à un candidat qui a un discours trop positif et qui ne fait que mettre en avant ses propres ini- tiatives, on risque de s’en détacher ultérieurement. Il est donc rentable, pour une personnalité politique, de passer une partie de son temps à attaquer la politique des autres.

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