mardi 3 juin 2014

Carta jacta est

François a lancé hier le débat sur la future réforme régionale, avec une tribune publiée dans la presse et disponible sur le site de l'Elysée.

Quelques extraits significatifs de cette tribune :

- Le titre d'abord (Réformer les territoires pour réformer la France) : il s'agit à la fois de se poser en réformateur, contre les conservateurs, et de fixer le but, car le but c'est la France pas les territoires. Ls territoires ne sont qu'un moyen.

- les niveaux ensuite : la commune, l'intercommunalité et les régions. Les intercommunalités devront être plus grandes (20 000 habitants minimum contre 5 000 aujourd'hui sauf en région isolée, à partir de 2017). C'est à ce niveau que les décisions les plus "locales" seront prises et le moment venu leur représentation démocratique sera revue (des élections intercommunales ?)

- 14 régions de taille européenne : "une carte a été définie". Vous remarquerez le "une". Il y a place pour le débat et des ajustements avant d'arriver à "la" carte définitive. Les conservateurs ont déjà commencé à protester et les différents lobbies aussi. Mais un Président ça tranche. Donc voici un premier jet, une première carte. Puis le temps du débat, rapidement en juin. Puis la carte définitive.

- Il y aura plus de responsabilités pour ces régions, notamment certaines dévolues aux départements avant. Et il y aura des assemblées régionales redéfinies, avec moins d'élus (Vous voyez les sourcils se lever dans la troupe d'élus et de politiciens ?)

- Les conseils généraux disparaîtront à terme. Les départements restent, mais sans autorité politique. Ils resteront un découpage administratif pour l'action publique. Ce sera une transition délicate et longue qui sera laissée à l'appréciation des régions et des grandes intercommunalités (comme les 13 métropoles ou le Grand Paris). Encore moins d'élus ;)

- Pour les conseils généraux, cela passe par une réforme de la Constitution (objectif 2020, qui sera le président ?) avec l'espoir marqué qu'il y aura alors une majorité des deux-tiers pour cela). En attendant les élections "départementales" se tiendront comme prévu en 2015, mais seront couplées avec les régionales à l'automne (six mois de report).


Il y a encore du mou dans cette carte et quelques degrés de latitude pour changer. Mais ce seront des changements à la marge : certains départements pourraient notamment changer de région, donc de nouvelle région, à cette occasion. On pense à la Loire Atlantique pour la Bretagne par exemple. Une dizaine en tout au maximum a priori, 10% de marge c'est normal.

Si l'objectif est tenu, le paysage français sera différent fin juillet. C'est un pari qui va déclencher plein de batailles.

En tant que citoyen de base, c'est une bonne idée de faire une telle réforme. Sur les détails, en Île de France ou rien ne changera, tout va changer : le département de Paris est une aberration, sur le plan politique et la naissance du Grand Paris est à saluer. Je comprends que dans beaucoup de régions il peut y avoir des avis opposés les uns aux autres : certains se basent sur les anciennes régions historiques de la France royale, d'autres sur des exercices plus ou moins objectifs. Il est par contre dommage qu'une telle réforme soit in fine votée par des députés qui sont naturellement juge et partie (et même parti si j'ose dire). François aura essayé. On verra si ça passe...

Plein de gens ont réalisé des scénarios (avant la publication de la carte de François hier) :
Ouest-France ici (6 cartes), Libération là (7 cartes), HuffPost (12 cartes), ou alors tapez "carte régions scénarios" sur Google Images... Mais maintenant la carte est sur la table... carta jacta est !


Souvenez-vous quand même que une carte n'est pas le territoire, comme dirait tout bon adepte de la sémantique générale...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire