C'est officiel : la dette de la France vient de dépasser les 2000 milliards d'euros au trimestre dernier. On en est à 95 % et quelques du revenu annuel, mais le chiffre brut est plus impressionnant.
On n'en est pas encore à 100%, comme 7 pays de la zone euro, par ordre d'ancienneté à ce niveau : Italie, Grèce, Irlande, Portugal, Belgique, Chypre et Espagne (bientôt) ! Sans oublier les USA évidemment qui s'en foutent à cause du (ou grâce au) dollar-roi, leur dette est à soixante mille milliards de dollars. On est loin de cette petite ville de Maastricht où le seuil de 60% était considéré à l'époque comme un maximum mais la crise est passée par là, même en Allemagne qui en est à 76%.
Le problème d'une dette est qu'il faut la rembourser ou se déclarer en faillite. Pour la rembourser, on peut étaler les remboursements et négocier, ou ré-emprunter pour rembourser la dette passée. Ce qui n'est paradoxalement pas une trop mauvaise chose puisque la France actuellement emprunte à des taux historiquement bas, qui frôlent le zéro ou sont même en-dessous pour certains types d'emprunts. Tous les emprunteurs le savent, on peut racheter un ancien emprunt à un taux plus favorable et donc gagner de l'argent et se désendetter, par un effet mécanique.
Ce fameux ratio est calculé simplement en divisant la dette publique d'un Etat par son PIB, tous les trimestres par exemple. Si le PIB n'augmente pas - parce qu'il y a crise ou très peu de croissance - alors toute augmentation brute de la dette fait bondir ce ratio. Comme dans beaucoup de cas en économie, il vaut mieux regarder les chiffres bruts et deux mille milliards est un chiffre impressionnant. Pour mémoire, pendant l'ère Sarkozy la dette a grimpé de 600 milliards soit presque 50%. A garder en mémoire pour les prochaines élections : les cadeaux électoraux de Sarkozy aux riches ont l'aisé des traces pour toute la société, qu'il le veuille ou non. Les espagnols au même moment viennent de franchir les 1000 milliards d'euros et les italiens sont à plus de 2100 milliards depuis un certain temps.
Mais c'est quoi, deux mille milliards ?
- La taille du marché européen est estimée à dix-huit mille milliards de dollars en activités économiques chaque année.
- Les entreprises européennes ont mille milliards en argent frais dans leurs comptes, au moins, soit la moitié de la dette publique. Les entreprises françaises n'en ont qu'une partie évidemment et une partie de cet argent va vers les actionnaires évidemment. D'ailleurs en Allemagne, les entreprises rémunèrent beaucoup moins leurs actionnaires qu'en France (presque 4 fois moins)... Pourtant l'Allemagne se porte mieux. Les actionnaires français seraient-ils trop gourmands et ponctionneraient-ils le développement ? Débat intéressant s'il en est.
- Chaque année, l'évasion fiscale coûte mille milliards d'euros au sein de l'Union européenne. Encore une fois, seulement la moitié de notre dette publique nationale. C'est aussi ce qui est dépensé chaque année dans l'Union européenne en matière de santé. C'est quatre fois ce que l'Europe dépense pour l'éducation !
- Mille milliards de dollars c'était le montant estimé des pots-de-vin dans le monde il y a dix ans selon la Banque Mondiale.
- En pleine crise financière en Europe, en décembre 2011, la Banque centrale européenne a déversé une manne financière exceptionnelle dans le circuit bancaire, au motif d’éviter une nouvelle crise. Les banques privées de la zone euro ont ainsi empoché plus de 1 000 milliards d’euros de prêts, à un taux historiquement bas de 1 %. Intéressant, non ?
Et alors ?
Hommage à Raymond Queneau, deux mille milliards c'est bien, mais nettement moins que Cent mille milliards - de poèmes. Le génial créateur qu'était Queneau avait simplement composé 10 sonnets (de 14 vers chacun donc) et chaque vers étant écrit sur une bande de papier, on pouvait ainsi créer 10 puissance 14, soit cent mille milliards de sonnets différents. A noter, ici, une très belle variation hypertextuelle sur ce texte de Queneau. A mettre à jour évidemment... quand j'aurai le temps ;)
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