François est donc revenu à Paris après une tournée dans la Caraïbe, dont on a parlé ici et ici.
En Haïti, sa visite a été houleuse car le fameux sujet des réparations est revenu sur la table de son fait. Le peuple haïtien ne confond pas dette morale et dette financière. François a donc engagé la France dans un programme de coopération pour le secteur éducatif au sens large, incluant le numérique. On parle de 50 millions d'euros sur plusieurs années... A voir...
Cette dette est un héritage des anciens régimes, (les deux Napoléon et les monarchies avant 1870) mais la République a hérité de la France, avec ses bons et ses mauvais côtés, c'est-ce pas ? L'usage de la métaphore "la dette c'est le passé, le développement c'est l'avenir" est habile mais ne parle pas forcément aux populations. Si la France s'appliquait à elle-même cette maxime, elle n'aurait plus qu'à ne pas rembourser sa propre dette, non ?
Parmi les déclaration de François pendant cette tournée, la plus longue de son quinquennat, il t a celle-ci, prise ici : Hollande concède qu’au-delà de cinq jours, on peut se «demander si le pays est dirigé, s’il n’y a pas de vacance. Dans tous les sens du terme». Mais il en est persuadé, «ni ma présence ni mon absence ne déclenchent de reprise économique par nature».
Regardons bien ce qu'il a dit. Vacance et vacances ne sont pas synonymes mais proches. Le pays peut-il être dirigé quand son président n'est pas là ? La réponse est oui, évidemment. On a un gouvernement et un Premier ministre qui le dirige, même si beaucoup (trop) de décisions sont encore prises à l'Elysée dans notre régime très présidentiel. Ce n'est pas comme la Belgique qui a survécu des mois et des mois sans gouvernement et qui ne s'en est pas plus mal portée. A une époque, moins présidentielle, on pouvait même quasiment se passer de président en France ;)
A propos de la reprise économique, elle n'est pas liée évidemment à la présence physique du président sur le sol français (bien que les Antilles françaises soient justement françaises). L'existence d'un président ou le caractère de celui-ci sont des facteurs qui jouent à un autre niveau : l'influence politique par derrière, la mobilisation des forces du pays, un air optimiste ou d'entrainement, une capacité à écouter et à anticiper les tendances de la société, une pression sur les administrations pour accompagner le mieux possible les initiatives privées, la définition d'une norme d'Etat fixant le curseur sur ce qui est possible ou non... D'ailleurs la reprise est plus forte que prévue par l'administration au premier trimestre 2015.
Quelles que soient vos opinions politiques et donc le dosage entre ces différents éléments, le rôle d'un président est... de présider. Pas plus. Pas moins. Le dosage national-international est toujours délicat. Le sens de l'humour aussi. Il est difficile de plaisanter quand vos moindres mots sont épiés, comme le faux-pas sur la "dette" envers Haïti, ou lorsque vos ennemis politiques cherchent à vous coincer à tout moment.
Pourtant un peu de recul fait du bien. Espérons que cette tournée menée avec un train d'enfer lui aura été bénéfique. Le Conseil des ministres de ce matin a un ordre du jour léger. Léger comme le mois de mai, avec le pont de l'ascension et le week-end de la Pentecôte à suivre (sans compter Cannes et Roland-Garros...). Quelle vie de chien !
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