mardi 5 mars 2013

Honni soit qui Mali pense

On parle peu du Mali en ce moment et de la situation de guerre qui y règne. C'est moins drôle que la visite de deux jours de la reine d'Angleterre à l'hôpital, que les frasques des cardinaux ou que le lobby du diesel...

On ne le fait plus que pour évoquer les morts possibles/probables/certaines (?) de deux leaders différents. La mort de Abou Zeid semble la plus probable. Ce chef peu contesté de l'AQMI disparu, la succession sera houleuse, comme toujours en pareil cas. Cela ne veut pas dire que les groupes seront plus faciles à combattre ou à identifier/localiser, mais c'est un événement très important, s'il est confirmé, de cette guerre qui est devenu une guérilla. Quant à celle de Mokhtar Belmokhtar, le réputé preneur d'otages qui avait signé la récente prise d'otages en Algérie, elle semble beaucoup plus improbable et n'est confirmée à ce jour que par une photo de mauvaise qualité sur un téléphone portable. A lire aussi cet article édifiant sur le sérieux de la presse et des photos doublement identifiées.

Un article comme celui-ci fait du bien pour faire le point sur les pertes estimées à ce jour (après deux mois d'intervention militaire). Plusieurs centaines d'adversaires, diversement appelés djihadistes ou islamistes ou rebelles, incluant ou non des touaregs ; 3 soldats français, 26 tchadiens, 1 togolais et 37 maliens tués au moins ; un nombre indéterminé de civils tués... Aucune nouvelle des otages français dans la région.

Comme dans toute guerre, on connait tout de ses propres morts et de ceux parmi ses alliés. On estime à peine celui des adversaires et on se fout des civils. On ne parle pas des otages. Rien d'original. De quoi se choquer quand même. Les lois de la guerre sont tristes.  Ca me fait penser à une phrase lue dans une uchronie de science fiction, où il est dit à propos des diplomates qui ont tous des visions utopiques : "C'est de leurs visions que meurent les soldats" (H. Beam Piper). Cette phrase pourrait s'étendre à plus de "décideurs" de tous poils et non se limiter aux diplomates. Les valeurs dont se réclament ces décideurs sont toujours hautes et bonnes de leur point de vue.

Mon mauvais jeu de mots en titre de ce billet sur la devise du souverain d'Angleterre, doit juste nous rappeler, régulièrement, que les puissants ont leurs règles, les soldats les leurs et les simples civils également. Alors pensons un peu à ces derniers. La communauté internationale se rengorgera bientôt de grandes déclarations pour aider le Mali à sortir de la crise actuelle, pour imaginer plein de plans d'aides et pour en mettre en pratique quelques-uns. A ce propos, et pour faire le lien avec ce billet, lisez les parties du discours de François sur l'aide au développement, vendredi dernier.

"C’est pour cela que je considère que l’aide de la France, c’est aussi sa contribution aux opérations de maintien de la paix ou, pour prendre le sujet qui aujourd’hui mobilise nos forces armées, notre participation au maintien de l’intégrité du Mali avec l’égale participation des forces africaines puisqu’aujourd’hui les contingents africains sont même supérieurs à nos armées présentes au Mali.
Ce que nous cherchons, c’est d’abord de donner au Mali toutes les conditions, une fois rétablie son intégrité territoriale, d’assurer son développement, ce qui n’est pas possible s’il y a des forces terroristes qui se livrent d’ailleurs à des trafics, les trafics nourrissant le terrorisme, le terrorisme pouvant également permettre le trafic. S’il y a ces groupes-là, c’est une menace, pas simplement pour le Mali, mais pour l’ensemble de la région.
C’est la raison pour laquelle la CEDEAO s’est autant investie, mobilisée et soutient notre intervention parce que c’est la sienne, parce qu’il n’y a pas de différence, parce que la France agit au Mali au nom de la communauté internationale.
Notre opération n’est pas terminée, elle est dans une phase sans doute ultime d’aller chercher les derniers groupes terroristes qui se sont réfugiés, cachés dans une zone particulièrement difficile. Des informations circulent, je n’ai pas à les confirmer parce nous devons aller jusqu’au bout de l’opération.
Nous le faisons avec les Maliens, avec les Africains. Je veux saluer leur courage, parce que c’est surement la partie la plus délicate de l’intervention que nous engageons."


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