jeudi 19 novembre 2020

Monsieur et Madame Pomme... changent de vie - Épisode 219

Premier épisode là et épisode d'hier ici

Monsieur Pomme a des sueurs froides. Il vient de s'asseoir dans le canapé pour se calmer un peu. Le verre de Calva l'aide beaucoup. Son coeur du coeur de pomme se remet à battre plus normalement petit à petit. 

Il faut que je vous raconte.

Ce matin, Monsieur Pomme sifflotait en sortant de sa douche bio garantie sans insecticides, quand il entendit la porte d'entrée se refermer. 

- Tiens, se dit-il, Madame Pomme est sortie ? Elle ne m'a rien dit pourtant.

Mais Monsieur Pomme n'est pas un inquiet. Il a toute confiance en Madame Pomme. Elle a dû aller faire des courses. C'est vrai qu'on manque un peu de cannelle (Miam). Il s'habille et va se verser un peu de jus de groseille dans la cuisine. Pas de mot doux comme d'habitude... Hmmm. Mais Monsieur Pomme a du travail et allume son ordinateur pommé.

Vers le milieu de la matinée, Monsieur Pomme est complètement absorbé par son écran, quand il entend un coup de sonnette. Madame Pomme ? Elle n'est pas encore rentrée. Aurait-elle oublié ses clés ? Puis il réalise qu'il s'agit de la sonnette à la porte, pas de l'interphone en bas. Un voisin ? Un démarcheur ? Monsieur Pomme se dirige à pas de chat vers la porte et regarde dans le judas. Il pense fugacement que c'est quand même un drôle de nom, le judas pour cet oeilleton dans lequel on ne distingue pas grand chose. Il ne sait pas qui a inventé ce surnom, mais il se souvient de cette photo prise dans le bureau ovale de la Maison-Blanche :


Et, à travers ce judas, Monsieur Pomme découvre Madame Prune. Aaaaaaaaaaaaah. Madame Prune ! Leur voisine d'à côté avec ses cheveux jaunes teints en violet-prune et sa peau toute fripée. Zut ! D'habitude c'est Madame Pomme qui se tape la corvée de discuter avec elle. Elle est très bavarde et surtout très indiscrète. Ça doit être parce que c'est une ancienne policière de la Ville, retraitée et qui vit seule avec un chat sourd. Monsieur Pomme se retire doucement. Mais Madame Prune tambourine à la porte. Re-Zut ! Elle a dû voir son oeil. Ça le fait frémir. Il pense à la nouvelle d'Edgar Poe avec le vieil homme et son oeil de terreur.

Monsieur Pomme ouvre, et le dialogue s'engage :

- Bonjour Madame Prune.
- Bonjour Monsieur Pomme. Tout va bien ?
- Euh, oui. Et vous ?
- Madame Pomme n'est pas là je suppose ?
- Euh, non. Vous vouliez la voir ?
- En fait, non, Monsieur Pomme. C'est vous que je voulais voir !
- Ah ? Rentrez un instant alors, Madame Prune. Monsieur Pomme et elle s'installent sur deux canapés différents.
- Monsieur Pomme, savez-vous ce que Madame Pomme fait dehors ?
- Euh, Madame Prune, pourquoi me demandez-vous ça ?
- Savez-vous, oui ou non ? Madame Prune a pris un ton inquisiteur. Une vraie ancienne policière, pense Monsieur Pomme.
- Mais cela ne vous regarde pas, Madame Prune, s'exclame Monsieur Pomme, qui commence à s'échauffer.
- Ah mais si ! Ça me regarde ! Ça vous regarde ! Ça nous regarde tous ici !!!
- Mais, Madame Prune, de quoi parlez-vous enfin ? Monsieur Pomme se calme soudainement. Que se passe-t-il ?
- Ah ! Vous ne savez rien ! Je m'en doutais. Madame Prune prend une inspiration.
- Je vais vous raconter, dit-elle avec un sourire à la fois cruel, satisfait et gourmand. Ce matin, j'arrosais mes plantes, vous savez, mon hibiscus que mon mari m'avait ramené d'Afrique et que je couve comme mon ancien uniforme depuis qu'il nous a quittés, mon pauvre mari, lui qui aimait se mettre au balcon si souvent pour regarder le paysage et les rues autour, il en avait bein besoin de prendre l'air, mon mari...
- Oui Madame Prune, je sais, réussit à dire Monsieur Pomme au moment où Madame Prune reprend sa respiration, que s'est-il passé ce matin ?
- Oui, vous avez raison, je m'égare un peu. J'arrosais donc mon bel hibiscus qui... (Monsieur Pomme fait un geste et Madame Prune reprend) ... et je vois Madame Pomme sortir avec un gros sac vide. Je me dis, elle va faire ses courses, mais c'est bizarre, elle a vraiment l'air pressée. En plus elle est en train de parler au téléphone. Mais elle est trop loin et je n'entends pas ce qu'elle dit. C'est dommage...
- Madame Prune !
- Oh pardon. Vous savez bien que ce n'est pas dans mes habitudes d'écouter ! (Monsieur Pomme sourit en n'en pensant pas moins). Donc Madame Pomme s'éloigne, mais au lieu de tourner vers les magasins, elle se dirige vers la ruelle de derrière. Vous savez ? Celle sur laquelle donne la fenêtre de mon cellier et où personne ne passe jamais ?
- Oui, dit Monsieur Pomme, de plus en plus froid.
- Alors, puisque mon hibiscus est bien arrosé, je vais voir dans le cellier s'il ne me reste pas un fruit pour ce midi et, par hasard je regarde par la fenêtre.
- Par hasard, oui, Madame Prune, murmure Monsieur Pomme avec un rictus mauvais.
- Et là, qu'est-ce que je vois ? Une voiture avec le coffre ouvert et Madame Pomme en train de mettre des choses dans son sac, avec une dame que je ne connais pas à côté d'elle. Vous vous rendez compte ?
- Euh...
- Non mais vous vous rendez compte ? Mon flair de policière m'a donné des frissons. J'en ai encore la peau toute ridée (Monsieur Pomme pense que ça date d'avant, mais il reste silencieux). Madame Pomme trafique ? Avec une inconnue et une voiture immatriculée dans le département ? J'ai relevé le numéro, rassurez-vous, Monsieur Pomme. Monsieur Pomme (pas du tout rassuré) ne sait pas quoi répondre.
- Ça vous bouche les pépins, hein ? Je me méfiais depuis longtemps de Madame Pomme. Et de vous aussi d'ailleurs, Monsieur Pomme, ajoute-t-elle avec un air insidieux. Mais quand même ! Trafiquer on ne sait quoi sous mes fenêtres ! Je ne peux pas tolérer ça, Monsieur Pomme. Il faut que ça cesse !
- Madame Prune, calmez-vous, balbutie Monsieur Pomme. Je vais, euh, je vais en parler à Madame Pomme. Vous avez dû vous tromper. Madame Pomme n'est pas le genre à trafiquer ! Je reviens vers vous quand j'en saurai plus. Monsieur Pomme a les yeux un oeu rouges maintenant et Madame Prune prend visiblement un peu peur. Elle se lève et marmonne "bon, ben je vous alisse alors, tenez-moi au courant". Monsieur Pomme la raccompagne et ferme la porte.

Nous en sommes là. Monsieur Pomme imagine toutes sortes de choses. Il est encore sur le canapé. Il attend Madame Pomme. Il ne sait pas ce qu'il va lui dire. Il espère qu'elle va bien. Groupe de combattantes ??? Oulala ! Il frissonne...

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