samedi 11 octobre 2014

TAFTA

TAFTA ?

C’est le traité de libre-échange transatlantique. Ce futur (?) traité fait l’objet de négociations entre les USA et l’Union européenne. Négociations secrètes évidemment, comme toutes les négociations. Mais trop secrètes ici, puisqu’il a fallu attendre très longtemps avant de connaître le « mandat de négociation » des européens, sous la pression populaire et de nombreux partis et dans de nombreux pays. Celui-ci vient seulement d’être publié et il n’est pas piqué des vers ! La France y est opposée, avec d’autres pays, comme la Belgique ou même le Royaume-Uni. Le déminage tenté par la Commission européenne semble bien trop tardif !

Aujourd’hui, samedi 11 octobre, grande journée de protestation partout en Europe pour l’annulation des négociations et de ce traité. Ces protestations traversent tous les pays et beaucoup de partis, de manière improbable parfois. Comme dans tout traité complexe, chacun y trouve de bonnes choses et surtout de mauvaises. Mais elles ne sont pas les mêmes pour tous.

Un des points qui agitent le plus les protestataires (dont je suis) est sur le règlement des différends. Si le traité était signé, une multinationale (américaine par exemple ou pire dont le siège est aux Bermudes) pourrait demander à faire annuler une loi qui la désavantage (interdiction de vendre des semences OGM, de forer pour du gaz de schiste…) et à toucher ensuite des dommages et intérêts, devant un tribunal arbitral privé, sur lequel les Etats n’auraient aucun levier, et encore moins les représentants des populations, parlements ou associations.

Ce petit point (il y en a d’autres) reviendrait à supprimer le rôle des Etats (exécutifs et parlements) pour le remplacer par des tribunaux privés entre grands groupes. Une forme moderne d’empire où les décisions se prennent autour des tables en noyer rose verni des conseils d’administration par de riches fumeurs de cigares engoncés dans leurs fauteuils en vrai cuir.

Il s’agirait en fait de remplacer la démocratie qui est courante en Europe et aux Etats-Unis par une nouvelle forme de pouvoir, pire que les autocraties trouvées ailleurs : une multinationalocratie réservée aux plus grosses d’entre elles.

A l’heure ou l’entreprise, au sens large, est en pleine révolution quant à son image et à sa place dans les sociétés, et où de multiples débats ont lieu sur le rôle conservateur, destructeur, innovant ou moderne que les entreprises peuvent jouer, ce recentrage sur un monde géré et dirigé par les entreprises qui nous vendent biens et services tombe plutôt mal. C’est un vrai débat de société et de politique : quel degré de libéralisme et quel degré de contrôle par les peuples à travers leurs Etats ? Sur quels critères doivent se prendre les grandes décisions qui impactent notre monde : la rentabilité privée ou le bien public, la répartition d’un gâteau entre gros joueurs ou des principes généraux définis par les peuples pour diriger leur environnement ?

Il est important de constater que la mobilisation a commencé à porter ses fruits un peu partout, même aux USA où le parti démocrate commence à s’inquiéter des trop grands pouvoirs qui seraient donnés aux entreprises, même américaines. La France n’est pas la plus active sur ce sujet. Les français ont tendance à penser un peu trop à eux-mêmes sans trop regarder ailleurs et à se croire au-dessus ou à côté de la mémés (c’est le syndrome de l’exception française appliquée à tout, de la culture à l’agriculture).

Il y aura donc des manifs (à Stalingrad à Paris, à ne pas confondre avec la délicieuse fête des vendanges à Montmartre pas très loin).


C’est le moment de se renseigner sur le sujet. La nouvelle commission européenne va être mise devant le mur. Faut-il ou pas arrêter ou suspendre les négociations ? Plusieurs commissaires de l’ancienne et de la nouvelle commission se sont déclarés contre. C’est un début.

TAFTA


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