mardi 21 août 2012

Fin de vie ... politique

L'homme politique est un animal bizarre et différent de l'homme normal, même quand c'est un homme politique normal.

L'homme politique se prépare depuis longtemps à sa carrière, il creuse son trou, comme dans des travaux forcés dirigés vers l'entrée dans les cercles du pouvoir. Cela peut prendre très longtemps ou au contraire arriver très vite grâce à un coup de chance, le choix d'une bonne "locomotive" permettant l'ascension et qu'on lâchera ou trahira le moment venu pour en changer, de bons réseaux, des travaux pratiques pour se frotter à des conflits de natures variées, une image médiatique cohérente.

La carrière peut durer très longtemps, mais son faîte peut durer beaucoup moins, sauf pour quelques chameaux éprouvés et sachant traverser les déserts inévitables.

La question qui hantera de plus en plus les hommes politiques est donc celle de la fin de vie (politique) et de l'après ! Nos sociétés préfèrent des hommes jeunes, donc qui ont commencé tôt leur carrière et qui ont de nombreuses années à vivre après leurs heures de gloire. Les tentations royalistes sont de plus en plus faibles, même si les dynasties ont encore de beaux jours devant elles (Je ne parle pas de Ségolène ici, même si elle aussi est en fin de vie politique). Les mécanismes républicains sont normalement capables de contrer ce genre de tentations.

Evidemment certains arrivent à durer. Les dictateurs sont très forts à ce jeu-là, de père en fils, et la Syrie n'en est qu'un exemple parmi d'autres, en Afrique ou en Corée du Nord. Les spécialistes du trou dans la constitution sont aussi très forts et à ce titre Poutine a fait rire le monde entier en étant président, puis premier ministre puis président. C'est un jeu sans fin a priori. C'est le peuple russe qui décide évidemment.

En France, un truc à la Poutine n'est pas possible. Sarkozy peut se représenter en 2017, puis en 2022 ou 2027. Vu l'état de l'UMP aujourd'hui!i, où tous les candidats au poste de Président (de l'UMP) sont tétanisés par rapport au cas Sarkozy, on peut se poser la question. Le sondage ahurissant qui montre que les sympathisants de l'UMP seraient prêts à voter Sarkozy en 2017 me semble montrer que le deuil n'a pas encore été fait, ni le tabou du bilan levé, et qu'aucun candidat n'a encore su ou pu se démarquer. Si Sarkozy joue bien, il devrait pouvoir réussir à embêter tout le monde en politique pendant 4 ans, de continuer à être le gourou de l'UMP, de conduire ses activités privées de consultant et d'avoir une visibilité internationale. Sur ce dernier point on peut lire dans VSD qu'il deviendrait conseiller du Roi du Maroc sur les affaires internationales et arabes... Ca me semble bizarre. A vérifier.

Pour le moment, nos anciens présidents sont devenus tranquilles, car ils étaient déjà assez âgés en quittant l'Elysée, sauf Giscard mais ça ne compte pas car il ne pesait presque plus politiquement. Avec le cas Sarkozy, la situation est radicalement différente et nous devons nous habituer à un autre style "d'ancien président". Evidemment les affaires judiciaires qui l'attendent sont toujours là et seront à suivre, au rythme de la justice, mais cela ne fera qu'amplifier sa voix, encore très présente. Quelques bonnes délibérations du Conseil Constitutionnel, et il saura faire parler de lui.

Il ne s'agit donc pas tant d'une faiblesse de la voix de François que d'une situation nouvelle où les temps et poids des paroles sont redistribués d'une manière plus équitable entre gouvernement et opposition. Sauf à avoir un président de l'UMP qui une fois élu se démarquera de Sarkozy, s'il l'ose, afin de multiplier les voix.



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